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  • Le blog du comité citoyen pour la libération des prisonniers politiques Camerounais (CCL-LIBERATION).En dehors de MM Michel Thierry Atangana, Edzoa Titus, Paul Eric Kingué, Lapiro de Mbanga, ce comité soutient également tous les prisonniers d'opinion, poli
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10 juin 2009

Affaire Edzoa Titus, Thierry Michel Atangana et Cie Au cœur du mal être de la Justice: Comment l’Etat entretient le mensonge

Thierry_Atangana100610300Depuis 13 ans, l’image que l’Etat camerounais, le plaignant de l’affaire qui l’oppose à Edzoa Titus, Thierry Michel Atangana et Cie, a projeté de ces accusés au devant de l’opinion, c’est que ce sont des détourneurs de fonds publics, des escrocs, des trafiqueurs d’influence, des hommes très dangereux qui ont voulu renversé les institutions en place. D’où leur détention dans les cellules du secrétariat d’Etat à la Défense depuis toute cette période. Ils sont d’ailleurs pour cela sous l’œil vigilant des unités spécialisées de cette unité de défense, pourrait-on dire les corps d’élite.

Des images qui sont restées gravées dans la mémoire collective des Camerounais qui ont presqu’à l’unisson cloué ces accusés au pilori. Ils sont peu nombreux ceux qui pouvaient leur accorder un peu de crédit au lendemain de leur incarcération, même si en son temps, des gens beaucoup plus avertis comme feu Mongo Beti, le Pr Fabien Eboussi Boulaga, ou encore Célestin Bedzigui, s’étaient constitués en un comité pour demander leur libération. Ils avaient compris le stratagème mis sur pied pour broyer ces compatriotes sous le vocable de rouleau compresseur. Ils avaient attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur ce qu’ils estimaient déjà à l’époque comme étant une interpellation politique, car venant à la suite de la volonté de Titus Edzoa de se porter candidat à l’élection présidentielle qui se préparait. Ils avaient compris que les calculs politiques étaient alors enclenchés et que ceux qui étaient en mal de positionnement politique allaient saisir l’opportunité à eux offerte pour régler les comptes à celui-là qui les avait doublés, se positionnant comme un dauphin sérieux pour le pouvoir suprême. Les scandales des écoutes téléphoniques l’ont d’ailleurs révélé et les esprits ont vite fait d’être corrompus. Le scandale est oublié des mémoires, afin que seul le cynisme mis sur pied aboutisse. Ces gens avaient compris que les bourreaux d’Edzoa, loin de vouloir véritablement aider le président de la République à assainir les mœurs et la gestion des biens publics, visaient plutôt à mettre à mal sa politique, casser ses bases électorales, afin que le moment venu, qu’il tire lui-même les leçons de sa gestion et des gens à qui il a fait confiance. C’est dans la même lignée qu’ils ont créé de toutes pièces le fameux G11 dont les membres sont connus d’eux seuls. Le même stratagème est mis sur pied : présenter au président de la République que ce sont des gens dangereux pour son pouvoir, et leur coller des motifs pour du moins arbitraires afin de les humilier, les clouer en prison pour plusieurs années. Ceci dans le but inavoué de fragiliser la base électorale de Paul Biya, susciter la colère de celle-ci et montrer surtout à la communauté internationale et les institutions de Bretton Woods, que Paul Biya ne s’est entouré que des gestionnaires indélicats et véreux qui se servent de la fortune publique pour s’enrichir et financer les activités du parti au pouvoir. Tout ceci pour que ces bailleurs de fonds tirent les conséquences et œuvrent pour que Paul Biya soit mis en difficulté, et pourquoi pas poussé à la démission ? Ils feraient alors une très bonne affaire en se proposant comme ceux-là qui sont à même de mieux gérer la fortune publique

Machiavélisme

Ces dispositions machiavéliques ont poussé ces gens à utiliser toutes sortes de mensonges pour écrouer Titus Edzoa en prison, et Thierry Atangana comme victime collatérale, pour avoir refusé de leur livrer « celui qu’ils voulaient » pour assouvir leur vengeance. Ce refus a fait qu’il soit accablé de toutes sortes de maux : attitude irrévérencieuse envers le chef de l’Etat, mépris à son égard, arrogance et affichage insolente des richesses « mal acquises » selon eux, et la liste est loin d’être exhaustive. Ils ont cherché à faire porter au mensonge des habits blancs, comme la parole biblique qui dit que l’ange des ténèbres se déguise souvent en ange de lumière pour opérer. Et c’est là qu’il trompe le plus grand nombre. Ils ont ainsi laissé croire que Thierry Atangana est un gestionnaire indélicat. Sans qu’une plainte ne soit déposée, il est arrêté à la faveur d’une note anonyme d’un gestionnaire en fuite aujourd’hui, rattrapé par ses indélicatesses, mais protégé par ces commanditaires du rouleau compresseur. Les chefs d’accusation à son actif portent sur le détournement de fonds publics dans le cadre de la gestion du COPISUR, Comité de pilotage et de suivi des projets routiers, le trafic d’influence avec l’obtention d’une somme de 400 millions de Fcfa suite à un marché à la SONARA, la tentative de détournement de plus de 59 milliards de Fcfa dans le cadre de l’organisation du 32ème sommet de l’OUA à Yaoundé, le détournement de près d’un milliard de Fcfa dans la gestion de la caisse d’avance créée dans le cadre de l’organisation du sommet de l’OUA. Des faits qui, quoi que manquant de preuves, ont été établis et mis à la charge des accusés. Mais seulement, en octobre 2008, un homme décide mettre un terme à cette mascarade et décide y apporter la lumière, l’adoption du nouveau code de procédures pénales aidant. Pascal Magnaguemabe, puisqu’il s’agit de lui, agissant comme juge d’instruction, prend sur lui de regarder de près chaque fait. Au terme des commissions rogatoires et de plusieurs auditions dont celles de certains membres du gouvernement, des agents du COPISUR, l’expert Njock Luc Paul dont le rapport établit les détournements, il établit une ordonnance de non lieu pour ce qui est de Thierry Michel Atangana. Il vient de débouter l’Etat du Cameroun en mettant à nu le « mensonge » ainsi orchestré. Pour ce qui est de l’expert, il dévoile au juge d’instruction que « Je n’ai pas reçu d’organigramme du COPISUR, ni le budget, que ce soit celui de fonctionnement ou celui d’investissement… En tant que technicien, j’avoue que j’ai un peu déploré que les opérations retracées par les documents bancaires que j’ai analysés n’étaient pas sous-tendus par les pièces comptables y relatives. Mais je me suis limité strictement à la mission qui m’a été confiée ». Mission confiée par qui, si ce n’est les commanditaires du crime ? Et le juge d’instruction de lire « qu’il y a lieu de conclure à une insuffisance de charges sur ce chef d’inculpation, les pièces comptables à la base des dépenses expertisées n’ayant pas été examinées pour se fixer objectivement sur l’effectivité du détournement ». Certaines langues se délient pour laisser croire que l’expert Njock aurait refusé dès le départ de prendre part à cette macabre opération. C’est ce qui justifierait le fait qu’il ait refusé de signer le serment pris devant le procureur de la République, ainsi qu’il n’ait rien fait pendant les 30 premiers jours à lui accordés pour livrer son rapport. Un deuxième délai de 30 jours lui a été accordé. D’aucuns estiment que plusieurs tractations auraient eu lieu pour que l’expert livre son rapport, même s’il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Volonté de nuire

Et persistant dans la volonté de nuire à ses citoyens, l’Etat a fait appel auprès de la Chambre de contrôle de l’instruction pour attaquer l’ordonnance du juge. Certains points de cette ordonnance ont été jugés recevables. Ainsi, l’Etat a renoncé à poursuivre Thierry Michel Atangana et les autres pour détournement de fonds au COPISUR. Autrement dit, Thierry Michel Atangana n’est plus reconnu coupable des erreurs de gestion. Il en est de même des détournements au titre de la caisse d’avance pour l’organisation du sommet de l’OUA. Trois chefs d’inculpation sont désormais à la charge des accusés et se rapportent au détournement de la taxe spéciale sur les produits pétroliers, la tentative de détournement de plus de 59 milliards de Fcfa dans le cadre de l’organisation du sommet de l’OUA, et le trafic d’influence ayant conduit à l’obtention des commissions de 400 millions de Fcfa. Une fois encore, l’Etat se met en difficulté en voulant tromper l’opinion nationale et internationale. D’abord sur le prétendu détournement de la taxe sur les produits pétroliers. L’accusation estime que le ministère des Finances, ainsi que le trésorier payeur général n’étaient pas au courant du détournement de cette taxe pour financer les projets routiers. Ce qui constitue un mensonge. Le président de la République, différentes correspondances faisant foi, avait en son temps accepté ce mécanisme de financement des projets routiers par cette taxe. Le secrétaire général de la présidence de l’époque, le Pr Joseph Owona, l’a expliqué. Certains membres du gouvernement tel Jean Baptiste Bokam le reconnaissent. Les commanditaires de cette opération laisse croire que c’est le président Paul Biya qui fonctionne dans l’illégalité. « Telle que les choses se présentent, c’est le président Paul Biya qui est accusé de détournement de la taxe sur les produits pétroliers, puisque c’est lui qui a ordonné ce mécanisme de financement. A la réalité, ce procès est anticonstitutionnel puisqu’il remet en cause les fondements même de la République, les pouvoirs que la Constitution concède au chef de l’Etat. Ces gens ont poussé le ridicule très loin. Il faut qu’il tire les leçons de leurs propres turpitudes », commente un proche du dossier. En décembre 2008 lors des auditions à la Chambre de contrôle de l’instruction, l’avocat du sieur Mapouna, un co-accusé, est venu une fois de plus mettre la lumière sur tout le flou que l’Etat veut entretenir autour de ce dossier, pourtant « facile à gérer » selon certains observateurs. En effet dans ses conclusions, Me Emmanuel Edou, avocat au barreau du Cameroun, déclare que « Attendu que si sieur Mapouna a déclaré avoir reçu 90 millions de Fcfa du sieur Atangana Thierry, nulle part il n’a prétendu, contre cette somme ou en promesse d’icelle, s’être investi à faire obtenir un avantage à qui que ce soit, et en l’espèce à la Sonara. Qu’il se pose sur la matérialité des faits le problème de leur existence même, et sur ce point, le concluant reprend l’argumentaire du juge d’instruction. Attendu que c’est par Atangana Thierry que sieur Mapouna sait tout ce qu’il déclare ; que si un avantage quelconque aurait été obtenu au profit de la SONARA contre 400 millions de Fcfa sur lequel sieur Mapouna a reçu la somme de 90 millions de Fcfa, seule la SONARA peut le dire. Que les déclarations de Mapouna ne portent pas sur une connaissance directe des faits, mais sur ce qui lui est raconté par Atangana Thierry. Ses propos ne peuvent pas remplacés l’existence matérielle des faits, et ne sauraient donc en aucune manière être considérés comme un aveu des faits de trafic d’influence ».

Politique et mensonge

Tout ceci pour rappeler le rôle prépondérant que le mensonge a toujours eu en politique. Les auteurs qui se sont étendus sur le mensonge en politique le définissent comme étant « l’art de convaincre le peuple, l’art de lui faire accroire des faussetés salutaires et cela pour quelque bonne fin ». C’est ainsi que plusieurs scandales se sont déclenchés de par le monde, mettant à nu le mensonge du politique. « La politique, aujourd’hui, serait un théâtre burlesque où des politiciens prompts au mensonge rient entre eux de leurs pantalonnades devant un public candide. D’un scandale à l’autre, les citoyens n’en finissent pas de se découvrir bernés par ceux en qui ils ont eu confiance. Le mensonge en politique, au contraire de la croissance en économie, ne connaîtrait ainsi pas de récession ». C’est du moins là un avis communément partagé, selon le philosophe Marc Chevrier, où point une amère désillusion devant le politique, que les « récentes turpitudes révélées par la commission Gomery ou le mensonge de l’administration Bush au sujet de l’existence d’armes de destruction massive en Irak ont contribué à fortifier ». En 1997, le journaliste André Pratte avait mis toute la classe politique canadienne et québécoise sur la sellette. Son essai « Le Syndrome de Pinocchio » avait dépeint les politiciens comme des menteurs invétérés, sur le postulat que le mensonge en politique n’est en aucune manière acceptable au nom du droit fondamental à la vérité. Interpellée, l’Assemblée nationale du Québec adressa quasi unanimement une motion de blâme à l’impertinent essayiste. Lorsque le philosophe Kant, dans son opuscule « Sur un prétendu droit de mentir par l’humanité », dénie à tout être humain le droit de mentir, il fait valoir que l’exigence absolue et universelle de véracité – dire la vérité telle qu’on la croit – est l’une des conditions rendant possible le rapport humain. Ce faisant, il s’inscrit en faux contre la thèse de Benjamin Constant, qui considère au contraire dans son ouvrage « Des réactions en politique » qu’aucune société n’est possible sans le mensonge. On voit bien ici que la problématique du mensonge et de la vérité est au cœur du domaine.

Faut-il donc, pour assouvir son égoïsme et une recherche effrénée du pouvoir, livrer des concitoyens à la mort en tissant contre eux un mensonge honteux ? Faut-il, pour gagner la confiance du Chef de l’Etat, l’induire en erreur au point de se jouer de la légitimité que lui confère la Constitution ? Faut-il mentir à tout un peuple et se servir dudit peuple pour l’asservir ? La Bible dit, comme code de conduite, que le père du mensonge, c’est le diable ; et ceux qui mentent ont pour père le diable. Ce sont les ennemis de la vérité et œuvrent de toutes leurs forces pour que cette vérité ne soit point établie. Mais comme elle finit toujours par triompher, inutile de lutter contre elle. Au contraire. Elle affranchit et rend libre. Et un pays qui veut prospérer, avoir un développement durable, met en avant les valeurs que sont la justice, la vérité, l’équité qui permet une meilleure répartition des fruits de la croissance.

Robert Ngono Ebode in Le Messager du 10/06/10

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