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  • Le blog du comité citoyen pour la libération des prisonniers politiques Camerounais (CCL-LIBERATION).En dehors de MM Michel Thierry Atangana, Edzoa Titus, Paul Eric Kingué, Lapiro de Mbanga, ce comité soutient également tous les prisonniers d'opinion, poli
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7 septembre 2017

Cameroun : libération des prisonniers politiques anglophones

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Paul Biya a décidé de l’arrêt des poursuites et de la libération de 54 personnes, tous militants anglophones de l’opposition.

Lorsque le président Paul Biya a décrété, le 30 août dernier, l’arrêt des poursuites engagées devant le tribunal militaire de Yaoundé à l’encontre des 53 personnes arrêtées à la suite des manifestations survenues dans l’Ouest du pays, son geste a été salué unanimement. Avec raison, car comment ne pas se réjouir de la libération de prisonniers politiques, détenues arbitrairement à la suite de ce qui devait être une simple marche de protestation contre la marginalisation de la région par le pouvoir central, et qui avait dégénéré en violences diverses. Ils risquaient gros, car ils étaient poursuivis notamment pour « actes de terrorisme ». Dans un pays où sévit régulièrement le groupe Boko Haram, cette accusation paraissait pour le moins déplacée, et très inquiétante.

Le comité central du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) s’est réjoui de cet « acte magnanime » qui, a-t-il écrit dans la presse nationale, « s’inscrit dans le prolongement de la démarche présidentielle, soutenue et constante, d’apaisement et de renforcement de l’unité et de l’intégration nationales, conformément aux aspirations profondes de l’ensemble de la communauté nationale ». Une belle « langue de bois », qui se poursuit par quelques habiles compliments à l’attention du chef de l’État, ainsi qu’un appel vibrant à la reprise des activités dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux régions « en colère ».

Des revendications des militants de la cause anglophone, pas un mot. De la marginalisation dont souffrent ces deux provinces, qui s’estiment totalement laissées pour compte par Yaoundé, tant en matière d’infrastructures que de services publics, pas une ligne non plus. Pourtant, depuis novembre 2016 la minorité camerounaise anglophone, qui représente environ 20 % de la population totale, proteste avec constance et détermination. La grève des avocats – une profession honnie par Paul Biya – suivie par celle des enseignants, a débouché sur une crise socio-politique à ce jour non résolue. Sans chercher la moindre solution politique, le pouvoir a choisi d’isoler les mécontents en coupant notamment le réseau internet pendant plusieurs mois. Une manœuvre absurde, qui n’a eu pour conséquence que de radicaliser non seulement les protestataires, mais toute la population de ces régions, au point que de vieilles idées de partition et de fédération ont refait surface.

L’on peut s’interroger sur les réponses – ou plus exactement l’absence de réponses de la part du pouvoir de Yaoundé – à des revendications somme toute légitimes. Comment une équipe gouvernementale dans un pays avancé comme le Cameroun peut-elle raisonnablement refuser d’entendre les doléances d’une partie de son élite nationale ? Comment se satisfaire de libérations tout aussi arbitraires que les emprisonnements, qui ne révèlent qu’une seule chose : dans ce pays qui s’affirme démocratique, seul le « fait du prince » semble servir de ligne de conduite à un gouvernement aux ordres. On peut aussi se demander si ce n’est pas plutôt la perspective de l’élection présidentielle de 2018 qui a poussé les autorités à ce geste dit « d’apaisement ». Mais sur le fond, rien n’ayant été décidé, l’accalmie risque bien de n’être que de courte durée.

Valérie Thorin, Afrique Asie

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